Accueil et soins de jour, des centres méconnus ?

En Wallonie, 50% seulement des places agréées en accueil de jour sont réellement occupées, et 739 places en centres de soins de jour n’ont pas trouvé preneur. En cause, dixit le ministre Prévot, la méconnaissance du public, et côté directions, l’effet repoussoir d’une gestion lourde - ou des normes spécifiques dans le cas des centres de soins.

« Le territoire wallon compte 57 centres d’accueil de jour aujourd'hui. Nous comptabilisons 621 places exploitées sur l'ensemble du territoire wallon. La répartition des établissements n'est pas homogène selon les secteurs: 129 places sont exploitées par le secteur privé et commercial, 190 par le secteur associatif et 302 par le secteur public. » Cet état des lieux vient de Maxime Prévot, récemment interpellé en commission de la Santé à propos des solutions alternatives aux maisons de repos.

Le ministre régional a poursuivi en signalant que, à en croire le rapport bisannuel 2012 du SPW, « seule la moitié des places agréées sont réellement occupées. Le nombre de jours de fréquentation d'un centre de jour est plus bas dans le secteur public et associatif que dans le secteur commercial. » D’où l’importance, selon lui, de mieux porter à la connaissance de la population (mais aussi des professionnels qui pourraient l’y aiguiller) l’existence même de cette solution. D’autant que, vu le couplage de ces centres à une MRPA/MRS, le mélange au gré de certaines activités des accueillis et des hébergés facilite le glissement des premiers « à demeure ».

Pour Maxime Prévot, en dépit du bien-fondé de la formule, les centres de jour sont actuellement à l'arrière-plan. D’une part par méconnaissance du public, on l’a dit, mais aussi parce que « la gestion optimale d'un centre de jour constitue un travail difficile et qui nécessite un personnel dédié à cette tâche. » Le futur rapport bisannuel 2015 relatif aux données 2014, en gestation, va davantage s’intéresser à cette activité, annonce le ministre, et collecter des données sur le profil des usagers.

739 places disponibles en CSJ

Maxime Prévot rappelle que si l'état de dépendance de leurs bénéficiaires le justifie, les gestionnaires des centres d’accueil de jour peuvent introduire une demande d'accord de principe pour la requalification de places en places de centre de soins de jour. Il y a bien un moratoire, mais il reste de la marge: les places en centre de soins de jour sont plafonnées à 1.045, mais seules 306 places sont dénombrées en Wallonie. En d’autres termes, on observe une disponibilité de 739 places.

« Ce nombre si peu important de places requalifiées peut être lié au profil des aînés accueillis, qui ne nécessitent pas une prise en charge spécifiquement orientée soins », commente le ministre régional de la Santé, « ou résulter de difficultés dans le chef des gestionnaires à répondre aux normes spécifiques des centres de soins de jour. » A nouveau, le futur rapport bisannuel devrait aider à y voir clair.

Pas de boulevard pour le privé commercial

Maxime Prévot a profité de cette interpellation sur les alternatives à l’institutionnalisation pour préciser sa position quant à la ventilation entre secteurs privé commercial, public et associatif. Il s’en était déjà ouvert dans la presse, mais de titres réducteurs en raccourcis, une clarification lui paraissait bienvenue. Pour faire bref, le ministre cdH se défend d’une « ouverture à tous crins des vannes pour le commercial ».

« Je n’ai pas plaidé pour qu'il y ait demain un énorme boulevard qui soit fait pour le secteur privé commercial. Je n'ai pas plaidé pour qu'il y ait une marchandisation de la prise en charge d'un senior. Je dis simplement qu'il faut aujourd'hui, 20 ans après le décret [de 1997 sur la ventilation entre les trois secteurs, ndlr], face au principe de réalité et sans dogmatisme, probablement sortir de certains carcans et davantage favoriser les partenariats pour mobiliser l'argent où il se trouve. Mon idée n'est donc pas de dire: demain, le secteur privé commercial qui est contraint aujourd'hui à 50 % maximum des lits doit passer à 60%, ou doit passer à 70%. Je dis simplement qu'il faut stimuler les partenariats [entre les secteurs] pour que celles et ceux qui ont des moyens, le privé associatif et le privé commercial, puissent aussi les mettre sur la table et permettre la création de projets, mais des projets – et là, c'est mon rôle – qui devront aussi être encadrés. » Les quatre balises que fixe le n°2 du gouvernement wallon pour cet encadrement sont: la mixité sociale, les qualités d'encadrement et de normes, l'universalité de l'accès et une mixité dans la lourdeur des accompagnements.

J.M.

Gratuit sur inscription

* Dernières news *