Médicaments: une réforme pour coller à la réalité

Laurette Onkelinx projette de refondre pour 2015 la tarification des médicaments remboursés en MRPA/MRS : les spécialités orales solides seront facturées selon la consommation réelle hebdomadaire du résident. Le prix, l’honoraire du pharmacien et le ticket modérateur s’entendront par comprimé.

Mi-mars, le Conseil des ministres a marqué son accord sur une réforme du système de facturation à l’Inami des médicaments consommés en maisons de repos, réforme portée par la ministre Onkelinx.

D’après les chiffres officiels, le gros pourcent de population belge vivant en MRPA ou en MRS (soit 130.000 personnes) génère une note proportionnellement élevée en dépenses pharmaceutiques. Elle représente 113 millions dans le budget des médicaments remboursés délivrés en officine, soit plus de 4%. Qu’un résident prenne plusieurs traitements différents par jour - en moyenne huit d’après les dernières estimations - est logique : les plus âgés souffrent plus souvent de maladies chroniques et pathologies cumulées. Bien qu’on ne puisse faire l’économie d’une réflexion sur la qualité de la prescription au grand âge et qu’une rationalisation ne soit pas superflue dans certains cas, le problème se situe plutôt dans les gaspillages observés. La réforme soumise au conseil des ministres poursuit cet objectif d’usage raisonné et anti gaspis, mais vise également « à éviter les interactions indésirables et ainsi à renforcer la qualité des soins, a souligné Laurette Onkelinx. « Le nouveau système proposé a été mis au point en concertation avec les représentants des pharmaciens, qui ont un rôle central à jouer dans la délivrance de ces médicaments en institution, notamment par le biais du nouveau système de préparation de médication individuelle (PMI). »

Une économie espérée de 10 millions

En ce qui concerne les médicaments remboursés et qui se présentent sous forme orale et solide, la facturation par le pharmacien ne se fera plus par boîte, mais en fonction de la consommation réelle du résident, à la semaine. « Le prix du médicament, l’honoraire du pharmacien ainsi que le ticket modérateur seront calculés pour chaque comprimé et regroupés pour une semaine (ou un mois dans la facture au patient) », indique le cabinet de la ministre. Les autorités tablent, grâce à cette nouvelle formule, sur une économie de 10 millions d’euros, « réalisée principalement par l’interdiction de facturer les médicaments après le décès du patient ». Et d’illustrer le propos avec l’exemple des conditionnements de grande taille, qui sont souvent la règle pour les affections chroniques. « Il se peut que le résident décède bien avant qu’une boîte soit intégralement consommée, ce qui engendre un gaspillage inutile. » La réforme entrera en vigueur le 1er janvier 2015, prévoit le cabinet Onkelinx. Un délai nécessaire à ce que les pharmacies et les mutualités adaptent leurs systèmes électroniques de facturation en conséquence.

La PMI encouragée

La réforme encourage aussi le recours à la délivrance en préparation de médication individuelle (PMI), formule dont vie@home vous a déjà parlé à plus d’une reprise, notamment à la faveur de son voyage d’étude 2012 qui a fait halte dans des établissements pionniers.

Pour rappel, la PMI, manuelle ou automatisée, consiste à rassembler sous un seul conditionnement individualisé l’ensemble des médicaments que doit prendre un résident à un moment donné de la journée dans le cadre de son traitement journalier. Cette tâche s’opère sous la responsabilité du pharmacien (qui sous-traite le cas échéant la PMI robotisée). Il établit le schéma d’administration en veillant à ce qu’il n’existe pas de contre-indication entre les différentes spécialités ou compléments administrés simultanément. Du point de vue des autorités, la PMI simplifie l’administration des médicaments et diminue le risque d’erreurs de manipulation lors de la préparation des doses journalières en institution.

J.M.

Gratuit sur inscription

* Dernières news *