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Mamy vieillit ? Why NIMBY ?
La start-up française Senior Cottage fait une offensive marketing remarquée, avec le lancement de ses pied-à-terre médicalisés pour personnes âgées en perte d’autonomie, à monter dans le jardin de leurs enfants, le plus souvent sans formalités urbanistiques. Alternative à la MRS géniale, ou froide ?
Le concept du chalet médicalisé pour seniors est apparu il y a quelques années aux USA, vite surnommé granny pod, « capsule à grand-mère ». Les logements proposés par Senior Cottage aux Français - des parallélépipèdes rectangles en bois avec terrasse et rampe d’accès - s’installent en deux temps trois mouvements (en très exactement 48 heures à 7 jours) dans le jardin, pas trop loin quand même de l’habitation principale dont ils demeurent tributaires pour l’alimentation en eau et en électricité. Les modèles actuels font 20 à 27 m2 (ce qui en France veut dire extension généralement non assujettie à permis de construire), mais le groupe a dans le pipeline une version de 45m2.
L’ergonomie des logements a été indéniablement étudiée, de la rampe d’accès qui remplace les escaliers aux portes généreuses qui laissent passer un fauteuil roulant et aux mains-courantes colorées intérieures et extérieures. Les équipements sont modernes et évolutifs. Le plan de travail du coin cuisine est de hauteur réglable, le lit médicalisé pivote, un lève-personne motorisé aide au trajet lit-salle de bains, laquelle multiplie les barres d’appui.
Ni placement ni aménagement
Cette technologie profite non seulement à l’occupant du chalet mais aux intervenants qui passent s’occuper de lui, que ce soit pour l’aide à la vie quotidienne ou les soins infirmiers. Le constructeur propose en outre en option, à travers son réseau de partenaires, un bouquet de services d’assistance et de soutien avec plate-forme d’écoute 24h/24. Ces services assurent la liaison entre l’abonné, son entourage et les professionnels médico-sociaux qui communiquent par un carnet de liaison ; du télémonitoring quotidien de paramètres biologiques est envisageable.
Senior Cottage présente ses logements comme une alternative pour les personnes dont l’autonomie et la santé déclinent et qui ne veulent ou ne peuvent rentrer en maison de repos, faute de place ou de moyens. Les chalets, dont le prix d’achat démarre à 48.000 euros et celui de location à 700 euros mensuels, sont qualifiés de moins onéreux que des travaux d’aménagement du domicile ou qu’une institutionnalisation, le prix moyen de séjour en Ehpad ayant été récemment estimé en France à 1.700 euros/mois.
(Déjà) entre quatre planches ?
Il n’empêche que, malgré le professionnalisme évident des fabricants, le concept pose questions. Ou peut-être est-ce à cause, justement, de ce professionnalisme aiguisé ? Dépourvu de fondations, le pied-à-terre n’abîmera pas le jardin (c’est texto dans les FAQ du constructeur). Il viendra, et repartira, puisque, soyons cyniques (ou pragmatiques ?), ses occupants ne sont pas faits pour durer. La formule de location proposée par le fabricant n’en est-elle pas la preuve ? Senior Cottage annonce du reste sur son site faire des propositions de reprise « pour les structures achetées qui ne sont plus occupées ».
Tout le concept, en fait, est soutenu par des arguments dont on comprend la logique et… son contraire ! Solution pour garder des parents bien aimés pas loin (mais pas trop dans les pattes quand même)… Préservation de l’intimité des aînés (à moins que ce ne soit celle des propriétaires ?)… Coût moins élevé qu’une institutionnalisation (si ce n’est qu’il faudra ajouter tous les frais hors infrastructure, en ce compris l’aide à la vie courante si la dépendance s’aggrave)… Gage de proximité intergénérationnelle (ou isolement cruellement décuplé si la seule visite est celle des soignants)... C’est à l’usage qu’en feront si pas leurs occupants, à tout le moins les enfants qui les y auront installés, qu’on verra si le concept du chalet du bout du jardin, peut-être pétri des meilleures intentions, n’aggrave pas le sentiment d’inutilité sociale et de relégation qui mine beaucoup de personnes âgées.
J.M.
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