Une saison grippale qui fait mal

40.000 cas de grippe ont été recensés, cet hiver, parmi les plus de 65 ans. Cette tranche d’âge a été deux fois plus touchée qu’au cours des six saisons grippales précédentes. La surmortalité hivernale moyenne y était de 12% (contre 8% sous 65 ans); chez les plus de 85 ans, elle est estimée à 21,5%.

vie@home avait relayé le bilan français de l’épidémie de grippe traversée cet hiver: le virus A(H3N2) (qui prédominait parmi les trois souches en circulation) n’avait pas été tendre avec les plus âgés. 47% des 3.133 hospitalisations pour grippe enregistrées en France étaient intervenues chez des 65 ans et plus.

C’est au tour de la Belgique, en l’occurrence de l’ISP – qui héberge le Centre national de référence influenza- de faire les comptes. L’Institut scientifique de santé publique, s’appuyant sur les données produites par le réseau des médecins vigies, estime que cet hiver, quasi 700.000 personnes (690.000) ont consulté leur généraliste pour syndrome grippal. Un tiers d’entre elles environ ont été affectées par le A(H3N2).

Avec 40.000 cas de grippe recensés dans leurs rangs, les plus de 65 ans ont été deux fois plus touchés qu’au cours des six saisons grippales précédentes (on y tournait autour des 20.000 cas).

La grippe était-elle plus méchante que les autres années? “Le réseau sentinelle des médecins généralistes a observé une légère augmentation du taux d’hospitalisation parmi les patients atteints d’un syndrome grippal”, indique l’ISP. Ainsi, ce sont 0,6% des patients qui ont été hospitalisés immédiatement après la consultation, contre 0,4% en 2012-2013 et 0,5% en 2013-2014. “Ce pourcentage est toutefois moins élevé qu’en 2011-2012 (1,1%).”La durée moyenne des hospitalisations était plus élevée cette année (10 jours contre 7,3 jours en 2012-2013 et 7,3 jours en 2013-2014) », révèle encore l’Institut.

Surmortalité moyenne de 12% chez les plus de 65 ans

Le nombre précis de décès imputables à la seule épidémie de grippe est inconnu, précisent les scientifiques, qui comparent toutefois les décès effectifs aux décès à escompter en se basant sur les chiffres de mortalité de ces cinq dernières années. Sur le premier trimestre 2015, on pouvait s’attendre à 28.000 décès; or, un peu plus de 32.500 ont été rapportés. Soit une surmortalité évaluée à près de 4.400 décès - ou, exprimée en pourcentage, de 15,5%. Les plus âgés ont, comme souvent, payé un tribut proportionnellement plus lourd à la maladie. Chez les 65-84 ans, la surmortalité moyenne était de 12%, contre 8% sous la barre des 65 ans. Des taux que l’ISP rapproche de ceux relevés en 2011-2012, où la saison grippale avait elle aussi été de forte intensité, mais avec des températures bien plus froides. La surmortalité 2014-2015 a été plus significative encore chez les 85 ans et plus, atteignant 21,5%. “Dans ce groupe d’âge, la surmortalité était plus élevée chez les femmes (24%) que chez les hommes (17,5%).”

Quid de l’efficacité du vaccin? Les virus influenza A(H1N1) et influenza B en circulation étaient proches des souches vaccinales correspondantes. Par contre, la troisième, la souche A(H3N2), était différente de celle incluse dans le vaccin. “Avec une protection vaccinale globale de 19%, les données préliminaires montrent que le vaccin s’est avéré nettement moins efficace qu’au cours des saisons précédentes (40% en 2012-2013 et 52% en 2013-2014)”, avance l’ISP. Ce qui ne veut pas dire, évidemment, que ce scénario d’efficacité relative se répétera l’hiver prochain et qu’il faut tourner le dos à l’intervention préventive qu’est la vaccination, surtout dans les populations à risque, dont font partie les plus âgés.

J.M.

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