Le DMG+, cet inconnu

Depuis quelques années, un outil existe qui vise à systématiser les interventions préventives validées (dépistages, vaccinations, dosages…) auprès des adultes, 3ème âge compris : le DMG+. Une récente étude de l’Observatoire de la santé du Hainaut auprès des médecins généralistes hennuyers montre toutefois qu’il perce peu.

La prévention est-elle l’affaire du médecin généraliste ? Et si oui, le module DMG+, ciblant les 45-75 ans et honoré une dizaine d’euros intégralement remboursés par la mutuelle, constitue-t-il un adjuvant pertinent à cette activité ?

Pour la première question, peu d’hésitations. La profession revendique un rôle dans le champ préventif, constellé d’intervenants aux actions pas toujours coordonnées - ni forcément rapportées au médecin traitant d’ailleurs, pourtant référent centralisateur on ne peut plus officiel quand il y a DMG. Evidemment, la pratique demeure dominée par le curatif, avec une évolution vers des consultations multi-plaintes qui compriment encore le temps qu’on peut consacrer à la prévention.

Pour ce qui est du DMG+, difficile d’être aussi assertif. L’outil, méconnu, peine à faire son trou, a établi l’Observatoire de la santé du Hainaut (OSH). Les médecins de famille hennuyers ont capté ses grands principes, même si tous n’ont pas bien conscience de disposer de trois ans pour parcourir les items de la check list. Par contre, l’ignorance dans les rangs des patients demeure criante, a-t-on entendu tant à la tribune que dans la salle lors d’un récent colloque où l’OSH livrait les résultats de sa récente étude qualitative. Les patients qui abordent spontanément l’idée d’ouvrir un DMG+ sont plus rares que le merle blanc. Et vraisemblablement déjà plus portés à veiller sur leur capital santé. Les autres, le gros des troupes, sont tièdes, même une fois le principe du DMG+ dûment exposé. Ils se demandent pourquoi il faut isoler, formaliser de la sorte, un travail que leur médecin accomplit déjà….

Accomplit déjà en partie, en tout cas. D’après les présidents de cercles hennuyers ainsi que quelques confrères de la jeune génération et/ou actifs en maison médicale interrogés par l’OSH, les généralistes se focalisent davantage sur la prévention secondaire et tertiaire, mais ne s’imposent pas en prévention primaire. Ils semblent d’autant moins enclins à travailler sur les comportements et modes de vie que, rapportent-ils, le patient n’est pas demandeur.

Fin 2014, le DMG+ était passé par le chas de l’aiguille lors des négociations ayant conduit à l’accord médico-mut 2015. Résistera-t-il au vent d’économies 2016 ? La note budgétaire passée en force par la ministre De Block sent plutôt les rabotages que les largesses côté première ligne. Mais mettre un terme à la courte vie du module ne risque-t-il pas de donner un mauvais signal ? Le MG aura été explicitement investi d’un rôle de prévention qu’on lui a… repris. Dès lors, c’est peut-être la forme et l’appellation du DMG+ qu’il faut remettre sur le métier, en évitant de laisser entendre au public que son médecin traitant n’est plus l’interlocuteur compétent. Ou que la prévention, y compris jusqu’à un âge avancé, ne vaut pas la peine qu’on la systématise.

J.M.

Gratuit sur inscription

* Dernières news *