Vaccination : les infirmiers seuls à la barre

Maggie De Block a fait réviser la liste des prestations techniques de l'art infirmier, de sorte qu’un changement notable se dessine à partir du 9 avril : les infirmiers/ères pourront administrer des vaccins sans qu’un médecin soit présent. Cela étant, la prescription médicale du vaccin reste toujours de mise.

L’arrêté royal du 18 juin 1990 portant fixation de la liste des prestations techniques de l'art infirmier et des actes pouvant être confiés par un médecin a été modifié à l’initiative de la ministre de la Santé publique pour autoriser les infirmiers à injecter des vaccins en l’absence de médecin. Le nouvel arrêté a été publié le 30 mars, pour application 10 jours plus tard. Espoir exprimé par la ministre Open VLD par rapport à cette possibilité nouvelle qui s’ouvre pour le personnel infirmier : « j’espère [qu’elle] influencera de manière positive le nombre de citoyens se faisant vacciner ».

Le cabinet de Maggie De Block prend soin de préciser que ce ne sont pas pour autant les infirmiers/ières qui prendront des initiatives quant à l’administration, ou pas, d’une vaccination. Cette décision appartient toujours bien, comme auparavant, au médecin. Cela étant, « les infirmiers aident les médecins en exécutant la vaccination. Ils savent comment procéder et quels médecins contacter en cas de complications ».

Le cabinet illustre quelques répercussions attendues de cette modification : « les vaccins pourront être administrés plus rapidement dans les services publics de prévention, comme l’ONE où jusqu’à présent, seuls les médecins pouvaient vacciner les nourrissons et les enfants. » Les personnes âgées, traditionnellement rangées par les autorités sanitaires dans les groupes cibles à protéger prioritairement contre la grippe, sont également concernées par le changement de règlementation : « durant la période annuelle précédant la saison de la grippe, les infirmiers en soins à domicile seront donc autorisés à injecter les vaccins contre la grippe », indique-t-on chez Maggie De Block.

Lever une contrainte limitante

La ministre explique s’appuyer, pour cette évolution, sur les avis favorables d’une part de l’Académie royale de médecine et de l’autre, de la Commission technique des praticiens de l’art infirmier. L’Académie semble avoir été poussée à cogiter sur la problématique au printemps 2015 par l’Agence flamande soins et santé, qui s’enquérait d’une actualisation de son précédent avis en la matière - il datait de 1998. En substance, l’Académie argumente aujourd’hui que l’obligation de présence d’un médecin (*) constitue souvent une contrainte limitante qui freine l'organisation et le déroulement des programmes de vaccination de groupes de personnes par les autorités de santé. « Ceci est le cas pour des populations sous-vaccinées ainsi que dans le contexte de services œuvrant à des projets structurés de prévention. » Or, pour obtenir un taux important de vaccination de la population tel que souhaité et souhaitable, « il y a lieu de limiter au mieux les obstacles à cette pratique ».

La possibilité de vacciner (et de procéder à des tests à la tuberculine intradermique) par les infirmiers sans présence physique d’un médecin est, précise encore l’Académie, « en concordance avec la réglementation et la pratique dans d'autres pays, comme le Royaume-Uni, l'Australie, les États-Unis d'Amérique et le Canada ».

L’Académie indique enfin que la reconnaissance et la prise en charge d'un choc anaphylactique font partie du cursus du personnel infirmier - et que, par ailleurs, en Belgique, l'accès à des services d'aide urgente est aisé. « Néanmoins, en vue d’une intervention rapide et ciblée, le praticien de l'art infirmier doit régulièrement participer à une formation post-graduée sur le diagnostic et le traitement d'un choc anaphylactique. Cette formation s’acquiert par cours théorique, mais surtout par formation en réanimation cardio-pulmonaire de base. Cette formation devrait être obligatoire pour toute personne réalisant des vaccinations. »

J.M.

(*) la législation qui vient de changer n’entendait pas par là que le médecin regarde par-dessus l’épaule de l’infirmier ; il devait cependant être dans l’établissement, de sorte à intervenir immédiatement si nécessaire.

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