Aînés : la politique wallonne 2014-2019

Jeter les bases d’une couverture autonomie, favoriser le maintien à domicile et adapter l’offre en institution (avec retouches de la réglementation pour booster l’innovation et contrôle renforcé des prix). Ce sont là les axes de travail consignés dans la déclaration de politique régionale 2014-2019 du nouveau gouvernement wallon.

 

Sept ministres emmenés par le ministre-président Magnette (PS) désormais bourgmestre empêché de Charleroi ; cinq socialistes pour trois humanistes ; et en tout et pour tout une seule femme (la PS Tillieux, titulaire de la Santé dans l’exécutif précédent mais qui change de portefeuille). Voilà la photo de famille du gouvernement régional porté sur les fonts baptismaux le 22 juillet dernier. C’est Maxime Prévot, qui devra lui aussi délaisser son fauteuil mayoral, à Namur, qui fait office de n°2 et hérite de la Santé – entre autres prérogatives aussi variées (qui a dit hétéroclites ?) que les travaux publics et le droit des femmes.

De l’APA à des solutions concrètes

Dans la déclaration de politique régionale de la nouvelle équipe figure, au chapitre consacré aux aînés, trois fils rouges.

Le premier consiste à poser les jalons d’une assurance dépendance. L’APA, l’allocation pour l’aide aux personnes âgées, est transférée et c’est, dixit la déclaration, l’occasion de mettre sur pied une « véritable couverture autonomie » pour tous les aînés wallons (voire progressivement tous les Wallons). On ne touche pas aux droits des bénéficiaires actuels de l’APA mais, plutôt qu’une logique de supplément de revenus, « le gouvernement souhaite privilégier des réponses concrètes aux situations de dépendance, à domicile comme en institution. » Quelles réponses ? Patience, l’accord de gouvernement n’en dit pas plus à ce stade.

OIP à deux ailes

Le transfert à la Wallonie de nouvelles compétences en matière de santé et d’aide à la personne se traduira par la création d’un OIP (un organisme d’intérêt public), qui gérera ces compétences, en théorie depuis Charleroi. Les organes de gestion veilleront à associer les acteurs de terrain des secteurs concernés. On parle de deux comités de gestion (santé/personnes âgées d’une part et personnes handicapées de l’autre), soutenus par des commissions plus spécifiques, dont une concernant les maisons de repos.

Coordonner les… coordinations

Second crédo : favoriser le maintien à domicile, et entre autres permettre aux moins nantis de bénéficier d’un accompagnement adéquat avec une correction de barèmes, qui n’est plus intervenue depuis plusieurs années, de sorte qu’ils ne paient pas un tarif trop élevé par rapport à leurs revenus. Le nouvel exécutif songe également à mieux articuler les services à domicile (aide familiale, ménagère…) avec le dispositif des titres-services. Il poursuit la politique d’aide à l’adaptation de l’habitat pour préserver l’autonomie et éviter les chutes, et, partant, retarder l’institutionnalisation. Il souhaite rendre plus cohérent le système d’aide et de soins à domicile, améliorer la visibilité de ses composantes (par exemple les centres de coordination et les centres de court séjour) et articuler leur action, notamment pour qu’il y ait un continuum de prestations avant et après une hospitalisation, par exemple. Des ponts public-associatif

Troisième point, et non des moindres : le « soutien aux établissements », en parallèle au développement du maintien à domicile. Il s’agira de poursuivre la politique de création de lits MRPA, MRS, CS, ainsi que celle de mise en conformité des institutions relevant du secteur public et associatif. A cette fin, le gouvernement annonce qu’il « envisagera une réforme du mécanisme de subsidiation des infrastructures médico-sociales pour les aînés des secteurs publics et associatif. » Il aimerait aussi « susciter le partenariat et mettre en place un statu sui generis » entre ces deux secteurs « pour créer et gérer ensemble des structures d’hébergement pour aînés ». Ici aussi, il faudra un peu de patience pour les détails.

Contrôle des prix renforcé

La déclaration 2014-2019 parle encore de promouvoir les formules intermédiaires entre maison et home (revoilà le court séjour, entre autres) et, pour doper la créativité en matière d’accueil, de remettre sur le métier la réglementation actuelle de sorte à laisser s’exprimer l’innovation. Et le texte d’énumérer des variations comme les résidences-services médicalisées, les résidences-services acquisitives, les coopératives immobilières intergénérationnelles… Reste à garantir que les structures résidentielles soient accessibles. Aussi le gouvernement annonce-t-il qu’il va renforcer le contrôle des prix - notamment la facture présentée aux occupants des nouveaux établissements et de ceux ayant procédé à une rénovation - en demandant des pièces justificatives des investissements réalisés. Il envisage également d’intégrer certains suppléments dans le prix journalier d’hébergement (il cite la télédistribution et la connexion internet).

J.M.

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