Animaux en MRS ? Ni budget ni examen suffisant

Dégager des moyens pour organiser, d’une façon ou d’une autre, la présence d’animaux de compagnie en maison de repos ne fait pas partie des priorités de Maxime Prévot, d’autant que cette présence engendre certains risques. Il faudrait à tout le moins une analyse approfondie des avantages et inconvénients.

Lors de la dernière commission Santé du parlement wallon, tant la MR Carine Lecomte que la socialiste Joëlle Kapompole ont remis sur le tapis la question des animaux de compagnie dont doivent dans la grande majorité des cas se séparer les arrivant(e)s en MRPA/MRS. La première a souligné « l’attachement viscéral » des aînés pour leur chien ou leur chat, « souvent le dernier être vivant avec lequel |ils] partagent leur existence ». « Si, dans le projet de vie (…), la conception de l’accueil incluait celui des animaux de compagnie, prévoyant de réelles solutions en cas de défection des résidents à l’endroit de leur animal, pourriez-vous consentir [à l’établissement d’] un financement complémentaire relatif à la création d’un espace animalier ou de tout autre infrastructure ou aménagement contribuant à une cohabitation réussie et harmonieuse ? », a-t-elle suggéré au ministre régional de tutelle, Maxime Prévot.

Joëlle Kapompole, de son côté, se demandait si on ne pouvait imaginer un appel à projets pour concrétiser « cette idée en Wallonie et faire preuve à la fois d'innovation, de créativité, dans un domaine qui, apparemment, montre une plus-value, des bénéfices dans l'intérêt des résidents des maisons de repos. »

Maxime Prévot n’a pas nié que certains gestionnaires acceptent, à travers le projet de vie institutionnel, qu'un résident intègre leur établissement accompagné de son animal familier, à condition qu’il s’en occupe par la suite. Mais il a de suite embrayé sur les « importantes préoccupations » d’un « grand nombre d’établissements », « singulièrement celle de leur personnel par rapport à la question de l'hygiène ».

Le ministre a énuméré les craintes que les compagnons à poils transmettent une série de germes, salissent le cadre de vie, créent une surcharge de travail, provoquent des chutes... Cela nécessiterait, dit-il, « une analyse approfondie en amont des avantages et inconvénients, des règles minimales à devoir édicter pour encadrer cet enjeu de l'accueil des personnes âgées avec leur animal de compagnie, avec la difficulté aussi, si cela devait devenir la norme, d'imposer cela, là où on est dans une autonomie dans la gestion des établissements ».

Du reste, Maxime Prévot estime que « les moyens actuellement liés à ce secteur sont mis largement sous pression » et ne lui permettent pas de rencontrer la demande de financement qui sous-tend les questions des deux députées : « à ce stade, je n'ai pas la possibilité de pouvoir soutenir financièrement ce type de dispositif, aussi innovant puisse-t-il être sur le champ social ».

Les deux élues ont pris acte, mais pas lâché leur os. Carine Lecomte a fait un parallèle avec les structures pour personnes précarisées, d’où les animaux ont longtemps été exclus. Aujourd'hui, fait-elle observer, l’accueil des animaux des SDF est devenu la norme, via le décret sur les abris de nuit. Joëlle Kapompole a proposé d’avancer dans la réflexion en commençant par voir comment l’implémenter dans les résidences-services.

 

J.M.

(*) pour rappel, les directions de maisons de repos n’ont aucune obligation d’accepter les animaux de compagnie des futurs résidents. Et si elles y consentent, il y a des balises légales à respecter : le CRWASS stipule que « les animaux autorisés ne peuvent en aucun cas avoir accès ni aux cuisines, ni aux locaux où sont conservés les aliments, ni à la salle à manger, ni aux locaux de soins et de préparation des médicaments. »

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