1e ligne de soins wallonne: juste des intentions?

Le gouvernement wallon a approuvé une note-cadre énonçant les grandes lignes (théoriques) d’une réorganisation de la première ligne de soins. Tendance marquante à considérer dans l’équation : les médecins de famille se font rares dans certains coins, tandis que la population vieillit et que ses pathologies se chronicisent…

Les professionnels de santé ambulatoires attendaient la note d’orientation du ministre régional de tutelle, Maxime Prévot, sur la réorganisation de leurs activité et interactions. Celle-ci, validée par le gouvernement le 21 juillet, relève, sur bien des points, de la déclaration d’intention. C’est l’exercice qui veut ça, mais pas seulement. La Région n’a pas toutes les cartes en mains. Elle souhaite, par exemple, contrer la raréfaction des médecins généralistes. Leur densité est estimée insuffisante dans 123 communes sur 262, essentiellement situées dans le sud du Hainaut, du Namurois et en province de Luxembourg, alors que c’est (aussi) sur eux que doit en toute logique s’appuyer sa politique d’accentuation du maintien à domicile. Toutefois, c’est au Fédéral qu’il revient d’actionner - ou non… - certains leviers, comme le relèvement des quotas de numéros Inami pour la médecine générale ou des mesures pour rendre la prestation de la garde plus acceptable.

En marge d’autres instruments de soutien aux généralistes hérités du Fédéral (comme la prime Impulseo I qui aide à l’installation en zone pénurique), le ministre Prévot annonce la création en 2017 d’un système « Assisteo ». La SSMG, la Société scientifique de médecine générale, éditeur de vie@home, fait avec les universités partie des instigateurs de ce modèle consistant à fournir aux généralistes non plus du soutien administratif (comme le font les Impulseos II et III) mais bien du soutien médical. L’idée est que le médecin puisse tabler sur l’aide d’un assistant de pratique, possiblement un infirmier, auquel déléguer une série de tâches – et notamment des actes répétitifs (surveillance de pathologie, prise de paramètres…) tels qu’ils interviennent couramment avec les patients chroniques et/ou âgés. A ce stade, toutefois, on ne sait rien des modalités pratiques et financières de cet Assisteo dont le ministre Prévot annonce l’avènement.

La note promet également d’encourager les prises en charge plus intégrées, clairement multidisciplinaires, et la création de « cabinets ruraux » favorisant les pratiques groupées. Il est aussi question de doper le développement des ASI (les « associations de santé intégrées », soit des maisons médicales), « notamment au travers d’agrément et de subsides ». A ce propos, la possibilité d’exploiter des fonds wallons et européens affectables au développement rural est évoquée, pour combattre spécifiquement la désertification médicale des campagnes. Dans cette même optique, il est prévu de soutenir les communes dans la création de logements pouvant accueillir des stagiaires et des assistants généralistes. Le modèle serait celui des « logements tremplins », c’est-à-dire des logements mis à disposition par une commune pour un loyer en-deçà du marché, afin d'augmenter la capacité d'épargne des locataires. Ceux-ci se voient de plus restituer un pourcentage du loyer s’ils achètent ou construisent ensuite localement.

J.M.

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