17% des octogénaires sous antidépresseurs

La mutualité chrétienne s’alarme de constater que 17% des octogénaires belges consomment des antidépresseurs – soit trois fois plus que les trentenaires. Elle titre que « vieillir rend moins heureux » et suggère, en mode Xmas Touch, de ne pas gérer le bien-être mental à coup de pilules mais de présence vraie. 

Alors que s’annonce, pour janvier, une nouvelle directive sur le diagnostic et le traitement de la dépression à l’attention des médecins généralistes émise par la Belgian Psychotropics Expert Platform mais non contraignante (*), la mutualité chrétienne estime que 17% des octogénaires belges consomment des antidépresseurs, contre 6% de trentenaires.

La mutualité chrétienne (MC) arrive à ces chiffres en extrapolant ce qu’elle observe dans les rangs de ses affiliés, en se concentrant exclusivement sur les antidépresseurs qui sont prescrits dans le cadre d’une dépression (par opposition à ceux utilisés comme antidouleurs ou somnifères). « Chez les femmes de plus de 80 ans, le recours aux antidépresseurs concerne même près d’une personne sur cinq », ajoute-t-elle, ayant dénombré 21% de consommatrices dans la tranche d’âge 80 à 90, contre 11% de consommateurs.

Son service d’études est arrivé à la conclusion que les symptômes dépressifs ne cessent d’augmenter à mesure que l’âge avance. Il s’inscrit ainsi à contre-courant, souligne la MC, de travaux ayant pu conclure qu’il y avait une stabilisation, voire une amélioration, du bien-être chez les aînés, qui seraient donc plus heureux que les jeunes.

Le secrétaire général de la MC Jean Hermesse qualifie les chiffres de l’étude de « particulièrement inquiétants ». Il prédit une aggravation du phénomène dans les prochaines années, eu égard à l’évolution démographique. « De plus en plus de gens ont peur de vieillir. Notre société opte trop souvent pour la solution de facilité. » A savoir ? « Les seniors qui ne se sentent pas bien dans leur peau se voient bien trop rapidement prescrire des antidépresseurs. »

La solution préconisée par la MC s’inscrit parfaitement dans, pourrait-on dire, l’esprit de Noël : c’est de lutter contre la solitude des personnes âgées, pas à coup de pilules, pour reprendre les termes du communiqué de la mutuelle, mais en « leur consacrant du temps, étant présent, en leur donnant de l’attention et de la chaleur humaine ». Difficile, évidemment, d’être contre pareils principes. Mais difficile aussi de prétendre que, à une époque de liens familiaux plus dissolus, de médecins traitants en raréfaction dans certaines régions du pays et de personnels d’institution qui se plaignent de travailler non-stop sous la pression de la pendule, leur généralisation ne soit pas… une autre paire de manches.

 

J.M.

(*) De Morgen, 19/12/2016

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