Cohabitation multigénérationnelle: on dirait le S…

L’Ined, l’Institut national français d’études démographiques, s’est penché sur l’évolution de l’autonomie résidentielle au grand âge. 70% des plus de 85 ans vivaient toujours à leur domicile en 2011, seuls ou en couple, contre 50% en 1982. Cette progression s’observe partout en Europe, avec des contrastes entre pays.

Où vivent les Français(es) très âgé(e)s, davantage en institution, chez des membres de leur famille ou bien à domicile ? Observe-t-on des disparités territoriales ? Pour les chercheurs de l’Ined, l’autonomie résidentielle s’accroît, tandis que l’habitude de vieillir sous le même toit que ses proches, le plus souvent ses enfants, perd du terrain. L’hébergement en maison de retraite au début de la vieillesse a également reculé, mais demeure stable passé le cap des 85 ans (20%). L’entrée se produit en fait de plus en plus tard, à 84,5 ans, contre 82 une quinzaine d’années auparavant.

Cette autonomie résidentielle plus forte qu’avant s’observe dans tous les départements français, indiquent les chercheurs, qui relèvent toutefois d’importantes disparités territoriales. Il y a des régions où le fait de co-résider avec ses proches, bien qu’en perte de vitesse, reste une tradition. C’est le cas dans le Sud et le Sud-Ouest de la France, la Corse tenant la corde avec un taux de 28% de cohabitation multigénérationnelle. Ce mode de vie est beaucoup moins présent dans de nombreux départements plus septentrionaux. En négatif de ce constat, l’isolement résidentiel se révèle par contre plus fréquent dans le Nord et à Paris, où l’on atteint une proportion de quasi six aînés de plus de 85 ans sur dix à vivre seuls. Le recours à l’institutionnalisation varie également beaucoup selon les départements. Ceux comptant le plus de personnes âgées de 85 ans et plus à être hébergées en institution (dans une proportion de plus de 25%), sont, à l’ouest, les Pays de la Loire, à l’est, les Vosges, et plus au centre, ceux de la bordure est du Massif Central, l’Ain et l’Yonne.

Dans l’Europe entière

Et dans d’autres pays ? « La croissance de l’autonomie résidentielle aux grands âges est observée partout en Europe. Elle s’explique notamment par le plus fort désir d’indépendance des différentes générations, l’amélioration de la situation économique des personnes âgées et le développement des politiques de prise en charge de la perte d’autonomie », développent les chercheurs. Mais ils pointent de forts contrastes entre pays qui s’organisent une fois encore selon un axe nord-sud : « l’isolement résidentiel et l’institutionnalisation sont plus fréquents dans les pays d’Europe du Nord, la cohabitation multigénérationnelle est l’apanage de ceux d’Europe du Sud. »

Citant des travaux de 2007, ils précisent qu’il faut chercher les racines de ces écarts entre nations dans la plus ou moins forte implication familiale ainsi que dans les montants et les modalités des aides publiques.

J.M.

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