40% d’ordonnances potentiellement dangereuses

Une association française de défense des consommateurs a analysé plusieurs centaines d’ordonnances rédigées pour des plus de 75 ans. Y ayant identifié quatre fois sur dix des spécialités potentiellement inappropriées au grand âge, elle réclame que la « dé-prescription » figure parmi les critères d’évaluation de la performance des médecins.

Que Choisir Santé, magazine de l’association de consommateurs UFC-Que Choisir ?, a collecté l’an dernier chez ses lecteurs et adhérents quelque 350 prescriptions de plus de cinq lignes destinées à des patients de 75 ans et plus. Il a examiné ces ordonnances, qui concernent au total près de 3.000 spécialités, sous le prisme de la grille MPI – « médicaments potentiellement inappropriés » chez les personnes âgées. Etablie par la gériatre Marie-Laure Laroche, elle s’apparente à une liste de Beers adaptée à la pratique française.

Verdict ? Tout d’abord, et ce constat ne s’écarte pas de ceux qui sont posés chez nous: la polymédication est monnaie courante chez les plus âgés, avec une moyenne de près de neuf médicaments distincts (très exactement 8,6) à être prescrits par jour et par personne. Que Choisir Santé signale avoir épinglé le triste record de 21 produits pour un même bénéficiaire. « A ces niveaux de prescription, les médecins sont-ils encore en mesure de s’assurer que chaque médicament est justifié et n’est pas plus dangereux que bénéfique ? », interroge l’association.

Le magazine a également dénombré 40% d’ordonnances comprenant (au moins) un médicament d’usage non conseillé chez un senior. Ou qui, à tout le moins, devrait constituer plutôt l’exception que la règle. Et ce, souligne-t-il, alors que « la juste prescription est un enjeu particulièrement important pour les personnes âgées », dont l’organisme élimine moins bien les substances absorbées et accuse de façon plus marquée les effets secondaires. Trois classes de médicaments potentiellement inappropriés étaient particulièrement présentes sur les ordonnances étudiées, ajoute encore le média: « les somnifères et tranquillisants, les médicaments dits atropiniques et les vasodilatateurs ».

La « dé-prescription » comme indice de performance

Soulignant qu’au-delà des dangers sanitaires, la sur-prescription pèse indûment sur la sécurité sociale de la France (laquelle affiche « une consommation de médicaments par habitant 22% supérieure à la moyenne des grands pays européens »), l’association réclame que la Haute autorité de santé fasse de ce sujet une priorité de travail pour les années à venir.

Par ailleurs, puisque le pays connaît un mécanisme de rétribution complémentaire des médecins en fonction de leurs « performances », l’UFC-Que Choisir ? demande que les pouvoirs publics fassent figurer parmi les objectifs et indicateurs reflétant la qualité des prestations médicales la désescalade dans la prescription. « Plutôt que de s’opposer au tiers-payant », a déclaré Alain Bazot, président de l’association [une allusion aux actions de protestation de médecins généralistes qui agitent la France depuis décembre, ndlr] « les médecins seraient bien inspirés de contrôler davantage la pertinence des prescriptions pour les personnes âgées. »

J.M.

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