Plutôt qu’un plafond de lits privés,

Pour le MR Gilles Mouyard, c’est du côté du privé que l’on sent le plus la volonté d’investir dans l’hébergement des aînés. Un décloisonnement ne serait-il pas opportun ? Maxime Prévot, ministre wallon de tutelle, tient à la répartition des lits entre public, associatif et commercial, pour une question d’accessibilité financière. Et si on raisonnait en pourcentage d’institutions pouvant accueillir des bas revenus ?, objecte le libéral.

Le début de législature se prête à l’exercice: à la dernière commission Action sociale et Santé du parlement wallon, le MR Gilles Mouyard a bombardé le ministre cdH Maxime Prévot d’une volée de questions sur ses constats et intentions en matière de politique des aînés. Au préalable, il avait fait observer que si l’associatif s’en sort un peu mieux en termes financiers, nombre de communes et CPAS reportent les rénovations et constructions de maisons de repos. Ce qui fait du privé le secteur « où on sent le plus la volonté d’investir », a conclu l’élu libéral en demandant au ministre s’il n’envisageait pas de décloisonner et les solutions qu’il préconisait pour garantir une qualité des services au sein des MRPA/MRS.

L’accent sur le domicile

La programmation des lits est atteinte en Région wallonne, a confirmé le ministre Prévot, et le taux d’occupation est de 98%. « La DPR [déclaration de politique régionale, ndlr] prévoit la création de 1.700 lits de maison de repos au cours de la législature 2014-2019. » Le nombre de lits supplémentaires qui s’avéreront nécessaires va découler des politiques qui seront menées d’une part en matière de soins à domicile, de l’autre au niveau des alternatives résidentielles. Et le ministre de souligner qu’un quart des résidents des MRPA/MRS disposent en fait d’un niveau d’autonomie suffisant pour vieillir chez eux à condition de bénéficier de la « constellation de services » favorisant cette situation. C’est pourquoi Maxime Prévot qualifie d’ « enjeu prioritaire et stratégique » la politique du maintien à domicile. « On ne pourra pas à l’infini créer de nouvelles maisons. »

Une répartition d’intérêt général

En 2017, il reviendra aux entités fédérées de décider des modalités de financement, d’attribution et de répartition des nouveaux lits, explique encore Maxime Prévot, qui table sur le déploiement concomitant d’une panoplie de soins et de services coordonnés à domicile, en première ligne de soins (dont l’organisation est aussi une matière transférée), avec le médecin de famille comme pivot. Il n’a pas l’intention de rompre la répartition entre secteurs (avec son maximum de 50% des lits au privé commercial, et le solde à partager entre public et associatif) – « une règle validée par la Cour constitutionnelle ». Cette répartition, insiste-t-il, vise à garantir le libre choix de la personne âgée, notamment en matière d’accessibilité financière, « ce qui représente un motif impérieux d’intérêt général au sens du droit européen et en particulier de la directive sur les services ».

« Discours d’un autre âge »

Gilles Mouyard estime que cette ventilation tient du discours d’un autre âge. D’après lui, ce qu’il faut, ce sont des normes précises à respecter par tout le monde pour que les personnes âgées soient prises en charge au mieux. L’élu MR doute que la clef de répartition actuelle puisse se maintenir longtemps, vu les finances étranglées des pouvoirs locaux. « Il faudrait avoir (…) une réflexion sur les différents prix pour pouvoir résider en institution. (…) On devra davantage parler en termes de pourcentage d’institutions qui pourraient accueillir des personnes à plus faibles revenus. Nous pourrions avoir deux, trois, quatre catégories, pour que tout le monde trouve plus facilement, selon ses moyens financiers, une place dans ces institutions. » Gilles Mouyard insiste: il faut trouver des solutions, et rapidement, au manque criant de places.

J.M., le 13 octobre 2014

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